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Texte en réponse à l’article publié le 23/09/2025 dans le Monde et signé par Stéphane Foucart

Paris, le 7 octobre 2025

Le Conseil scientifique de l’éducation nationale (CSEN) récuse fortement les accusations graves et infondées de « racialisme biologique » que formule le journaliste Stéphane Foucart dans la page « Débats » du journal Le Monde daté du 23 Septembre 2025. Il est faux d’affirmer que les activités du CSEN se focalisent sur des questions de biologie ou de génétique. Elles portent en réalité sur la mise en valeur des apports de la recherche scientifique et de la comparaison internationale pour la réussite de tous les élèves. Les trente scientifiques membres du CSEN appartiennent à diverses disciplines : psychologie cognitive et sociale, économie, sociologie, sciences de l’éducation, philosophie, sciences du climat, linguistique, informatique, stratégie des organisations… (liste sur le site du CSEN). Leurs travaux portent sur l’amélioration des interventions pédagogiques, le contenu des manuels, l’importance de la métacognition, du sommeil et de la santé mentale des élèves, la réduction des inégalités sociales et de genre, la formation des enseignants… Dans ce contexte, oui, nous pensons qu’il est essentiel que les enseignants reçoivent une formation de qualité à la diversité des difficultés que peuvent rencontrer leurs élèves et aux interventions qui permettent de les surmonter. Beaucoup de ces difficultés sont d’ordre cognitif, pédagogique, ou social, mais c’est aussi un fait bien établi que certaines difficultés scolaires liées à des troubles du neurodéveloppement ont une origine partiellement génétique : dyslexie, autisme, surdité, déficiences intellectuelles… Souvent mal détectées, particulièrement dans les milieux défavorisés, ces difficultés ne sont pas insurmontables – et c’est tout le problème du texte de Stéphane Foucart : il diabolise la génétique et propage lui-même (tout en l’attribuant au CSEN) l’idée fixiste selon laquelle nos gènes imposeraient des limites définitives aux conditions d’apprentissage et d’intelligence. Or, notre conseil ne cesse de promouvoir l’idée inverse, appuyée par de nombreuses données scientifiques : avec des pédagogies efficaces prenant en compte leurs besoins spécifiques, un engagement et des efforts réguliers, tous les élèves peuvent progresser, que ce soit en langage, en lecture, ou en mathématiques. Les travaux de Carol Dweck et d’Elise Huillery montrent que l’adoption de cette attitude progressiste elle-même entraîne des résultats positifs. Stéphane Foucart attribue donc au CSEN des intentions et des messages à l’opposé de la réalité. Pour tenter d’appuyer son propos, fondé sur deux mots d’un texte de 28 pages, Stéphane Foucart manipule les citations de l’American Society of Human Genetics (ASHG). Cette dernière a écrit: “it is inaccurate to claim genetics as the determinative factor in human strengths or outcomes when education, environment, wealth, and health care access are often more potent factors” – phrase avec laquelle le CSEN est en plein accord. M. Foucart la traduit de manière incorrecte et tronquée en écrivant « Il est inexact de prétendre que la génétique est un facteur déterminant dans les aptitudes humaines ». L’ASHG rejette l’idée selon laquelle la génétique serait le seul facteur déterminant, ce qui est juste, alors que la citation de Foucart rejette l’idée que ce soit un facteur tout court, ce qui est faux. Par l’expérimentation et la diffusion des pratiques pédagogiques qui ont fait leurs preuves, le CSEN continuera, sans idéologie, à tenter d’aider les enseignants et les élèves. Notre pays n’a pas besoin d’une fausse polémique aux relents complotistes, mais d’une approche rigoureuse des questions d’éducation, à laquelle la recherche scientifique multidisciplinaire peut et doit contribuer.

Stanislas Dehaene, Président, et les membres du Conseil scientifique de l’éducation nationale

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